vendredi 26 octobre 2012

La mort d'un parent : thème un peu difficile, mais en parler, ça aide




Je sais, ce n'est pas un sujet très gai pour la réouverture du blogg, mais bon, ce soir j'ai envie d'en parler. Pour reprendre les dires d'une amie, parfois, y'a aussi des choses pas drôles qui arrivent
Un décès tout récent dans ma famille a fait remonter des choses en moi, d'où l'envie d'évoquer ce sujet.

Il y a 10 ans, j'ai perdu ma mère. Cancer fulgurant. Pas envie de m'étendre sur les détails.
Seulement autour de moi sur ces 3 dernières années, j'ai perdu 4 proches de cette foutue maladie, et une personne qui a énormément compté pour moi il y a quelques années a disparu dans un accident de la route.

Je vais traiter de comment on vit, ou plutôt comment on survit à la mort d'un parent.

A début, on ne réalise pas. On n'y croit pas, c'est tellement soudain qu'on se sent comme projeté dans une autre dimension où le temps s'écoule différemment. Parfois, on n'arrive pas à pleurer, ce qui est peut être pire car la douleur est insidieuse. Elle est bien là, au plus profond de nous. Mais on n'arrive pas à l'exprimer, à l'exprimer. Cela a été mon cas, je ne ressentais plus rien, aussi bien physiquement que psychologiquement, comme si on m'avait anesthésiée. J'ai le souvenir qu'une amie m'a fait la remarque que ma main était salement écorchée.... je n'avais absolument rien senti, ce même après avoir pris conscience de cette plaie. Ah oui, c'est vrai, ce matin là j'avais frôlé de trop près le mur en crépis.
Le sommeil vous quitte, vous passez les premières nuits les yeux grands ouverts à fixer le vide. C'est un peu comme si vous n'étiez plus qu'un corps, vide. Je n'avais plus aucune émotion. Mes amis pleuraient ma mère, ma famille aussi. Moi, je n'y arrivais pas.

Puis au bout de quelques jours la réalité vous rattrape. Comme une immense vague qui démolit tout sur son passage, elle vous fracasse aussi, tous ce qui vous anime vous revient d'un coup en pleine face. Et là, c'est vraiment dur à gérer. Douleur, désespoir, incompréhension, colère, tristesse, un flot d'émotions vous submerge et vous ne contrôlez plus rien, une véritable déferlante. On se demande comment il est possible de survivre à cela, ce qu'on va devenir. Là, vous avez accepté la mort de la personne. Vous la réalisez, maintenant, il faut apprendre à vivre avec. Apprivoiser ce sentiment qui au début, vous ronge de l'intérieur.

Si je prends mon expérience personnelle, il m'a fallu entre 5 et 7 ans pour redevenir stable. Ma mère et moi étions vraiment très proches, elle était mon point de repère. A 20 ans on se cherche, car il n'est pas aisé d'être un jeune adulte. Je n'ai pas mis ma vie en danger durant ces années "d'errance", par contre c'est ma vie étudiante/professionnelle, sentimentale et financière où cela pouvait être du grand n'importe quoi. On essaye désespérément de combler quelque chose en nous, un vide qui vous laisse un sentiment inqualifiable. On peut aussi avoir une peur de l'abandon, peur de ne pas être aimé des autres. Dans mon cas, j'avais perdu mon identité. Je ne savais plus qui j'étais. Je m'accrochais aux gens que je rencontrais, certains en ont abusé, d'autres sont devenus de véritables amis.

Et puis, quand j'ai atteint mes 26/27 ans, cela a changé.
Progressivement, la stabilité n'est pas revenue en quelques mois.
J'ai d'abord trouvé ma voie professionnelle : travailler dans la santé; drôle de coïncidence non? Moi qui haïssait tant les hôpitaux suite à la disparition de ma mère, voilà que j'y vois un lieu où on peut y sauver des vies, où on peut guérir, mais aussi donner la vie. Où des personnes se battent pour vivre. Où d'autres se battent pour donner aux malades l'envie de vivre. Je suis incapable de dire si mon choix de vie professionnel aurait été le même si ma mère était toujours en vie aujourd'hui, mais je pense toutefois que c'est lié avec cet évènement.
Financièrement, ça va mieux aussi. J'ai arrêté de croire que vivre au dessus de mes moyens me permettrait de combler ce vide, ce n'était qu'une illusion.
Sentimentalement....humm.... j'y travaille encore. J'ai vécu de belles histoires et je sais que si les dernières n'ont pas marché, ce n'est pas parce que j'avais peur d'être abandonnée. Je pense m'être enfin trouvée, le reste viendra petit à petit.

Vivre avec la mort d'un parent, c'est accepter ce "trou" qui restera en vous, et ce toute votre vie. Et que rien ne pourra véritablement le combler. C'est vous dire que tant qu'on n'oublie pas la personne défunte, tant qu'on se souvient de son visage, tant qu'on entretient son souvenir, elle est toujours un peu là. Car je pense qu'il n'y a rien de pire qu'oublier.
Certes ce n'est pas toujours aisé, il est facile de craquer quand on retombe sur une photo de soi dans les bras de notre parent décédé, ou lors des fêtes de fin d'année. Mais croyez moi, on y survit. On n'en guérit pas, certes, mais on apprivoise cette part qui est en nous. Et notre force, c'est d'honorer la mémoire de celui qui n'est plus là. Ainsi, il restera toujours un peu en nous.



Pour toi, qui fera toujours partie de moi
 

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